Il y a douze ans, à l'occasion de la Guerre du Golfe (la première, et
pensait-on, la dernière), ceux qui me connaissait déjà ont eu droit à la
première série de reportages de guerre par courrier électronique : « En direct
de Bagdad ». A l'époque la situation était bien différente : on avait les
chocottes car on croyait que Saddam Hussein avait la quatrième armée du monde,
les ordinateurs étaient des 386 sous MS-DOS avec 640k de RAM, Internet
n'existait pas, Mitterrand était président et on avait les cheveux longs.
Je résume pour les plus jeunes les faits marquants de cette première série : à
l'époque, j'expliquais notamment comment se rendre à l'Armée Irakienne en cas
de défaite (je rappelle que les troupes Françaises participaient), et comment
organiser activement la collaboration avec le parti Baas grâce aux conseils que
m'avait donné mon beau-père qui tenait une crèmerie à Chamalières en 1942.
J'expliquais également comment reconnaître un espion irakien chez Euromarché :
Saddam Hussein essayant de tromper les américains avec des faux tanks en
plastique (authentique), il suffisait de se poster au rayon des lessives et
d'observer les personnes suspectes en train d'agiter des paquets de Bonux pour
sélectionner ceux qui font « gling-gling ».
J'avais également révélé que Guillaume Durand avait été
cloné afin de pouvoir tenir l'antenne 24 heures sur 24 sur feu La Cinq. Enfin,
très en avance sur les inspecteurs de l'ONU, je révélais en exclusivité la nature
terrifiante de l'arme chimique dont disposait Saddam Hussein : le boudin-purée
arrosé au pastis (je fus heureusement à l'époque une des seules victimes de
cette arme de destruction massive). Heureuse époque de l'insouciance de notre
folle jeunesse, des ris et des chants et du bonheur perdu. Snif (fin du
flash-back).
Fini de rigoler. George « deubeuliou » Bush l'a annoncé cette nuit à 3 heures
du matin (heure de Paris) : la guerre commencera dans moins de 48 heures, le
compte à rebours est commencé. Ce coup-ci, la France ne participe pas (c'est ce
qu'il nous reste d'honneur), on sait bien que Saddam Hussein ne possède pas la
quatrième armée du monde, et on sait d'avance qui va se prendre une grosse, une
très grosse branlée. Mais heureusement, en douze ans, la technique informatique
à évolué : maintenant, grâce à Internet, « En direct de Bagdad » peut faire le
tour de la planète en 19 minutes chrono (plus vite que le journal). Ca ne
protègera pas les irakiens encore en vie, mais c'est un ultime acte de résistance
face au massacre programmé.
Premier épisode demain.
Oncle Bob.