Mardi 22 avril 2003. Deux semaines après la chute de Bagdad, on est toujours sans nouvelles de Saddam Hussein. Est-il mort, est il vivant ? On l’a vu ici, on l’a filmé là. Mais sans preuves concrètes, on en est réduit aux hypothèses. Les américains ont paraît-il un échantillon de son ADN : mais faute d’avoir trouvé le cadavre de la bête, son existence est sujette à caution. Et comme toutes les créatures chimériques, on risque de le chercher longtemps. Le Saddam Hussein, de l’ordre zoologique des tyrans en fuite, va probablement rejoindre le Yéti et le monstre du Loch Ness au Panthéon des animaux mythiques.

 

Malgré les moyens titanesques mis en place pour sa capture, la bestiole reste donc introuvable. Est-il caché dans la vase d’un marais putride, dans les profondeurs des abysses, dans le fin fond d’une forêt tropicale ou sur les pentes enneigées de l’Himalaya ? Nul ne le sait, croyait-on, jusqu’à ce que nos enquêteurs retrouvent sa trace. Et comme bien souvent, on croit que le monstre se cache loin des yeux, alors qu’il est parmi nous !

 

Nous sommes donc en mesure de délivrer le scoop : Saddam Hussein est actuellement en France, plus précisément à Paris. Et il se trouve au dernier endroit où on l’attendait : à la Foire de Trône !

 

Explication : l’ex dictateur irakien a quitté l’Irak dans un faux camion d’aide humanitaire censé repartir à vide vers l’Europe occidentale. La sortie de Bagdad s’est déroulée dans des circonstances rocambolesques : déguisé en femme, il a failli se faire serrer à un check point américain, les marines de faction s’étonnant qu’une des assistantes du personnel bénévole porte des escarpins Prada.

 

Arrivé à Paris, fatigué par quinze jour à voyager sur les essieux d’un 38 tonnes, affamé et sans le sou, Saddam ne savait ni ou dormir ni comment gagner sa croûte. Toujours habillé en femme, avec une barbe de deux semaines, il arpentait la foire du Trône dans l’espoir de chiper des merguez ou de la barbapapa, quand il fut remarqué par le patron de la « Boutique des horreurs », frissons garantis pour deux euros l’entrée. C’est ainsi que l’ex maître de Bagdad se retrouve l’une des attractions du spectacle, dans le rôle de la femme à barbe : il passe juste entre les frères siamois soudés par la tête et l’homme hippopotame.

 

Mais nos enquêteurs ont poussé plus loin leurs investigations. C’est ainsi qu’il ont appris que l’autre fuyard le plus recherché de la planète, Oussama Ben Laden, a également trouvé refuge à la célèbre fête foraine : c’est lui qui tient la caisse du « Looping mortel », un manège particulièrement spectaculaire qui recrée les sensations d’un avion de ligne évoluant en plein centre ville (3 euros le ticket). Qui irait croire que derrière le petit chignon bien coiffé de celle que tous les forains appelle Simone, se cache l’ennemi public numéro un de l’Oncle Sam ? La chirurgie esthétique fait parfois des miracles !

 

Toujours selon nos sources, Ben Laden ne serait pas le seul terroriste à trouver refuge bois de Vincennes en faisant fructifier son savoir faire. Le mollah Omar serait quant à lui le cascadeur principal du « Rodéo infernal », attraction qui consiste à sauter dans des cercles enflammés avec une mobylette. A tel point que désormais, la CIA serait sur leur piste en tentant d’infiltrer la Foire du Trône.

 

On vient d’en avoir la confirmation par une source sure : Dick Cheney, toujours à l’affût des affaires juteuses, serait l’actionnaire principal de la loterie « Chez Bebert, à tous les coups on gagne ». Ce qui confirme au passage l’intérêt du vice-président américain pour les business douteux. En tout cas, si vous gagnez à cette loterie un énorme nounours en peluche, méfiez-vous : il y a peut être un barbouze américain à l’intérieur.

 

Déjà, on s’inquiète à l’Elysée et au quai d’Orsay : le 12ème arrondissement sera t-il la prochaine cible des stratèges du Pentagone dans leur lutte contre l’Axe du Mal ? On frémit en haut lieu à l’idée que les B52 viennent pilonner la pelouse de Reuilly. Les riverains sont toutefois parés à cette éventualité : habitués au raffut généré par la fête foraine, ils ont l’habitude de dormir avec des boules Quies, de telle sorte qu’ils risquent de ne se rendre compte de rien. En revanche, pour se parer contre d’éventuels dommages collatéraux, on aurait déjà mis en lieu sur, dans un bunker, le panda du Zoo de Vincennes.

 

La semaine prochaine, si je n’ai pas été réquisitionné pour faire bouclier humain sur l’hôpital psychiatrique de Charenton, je vous raconterai comment George W. Bush compte prochainement se rendre lui aussi à la Foire du Trône : pas comme président, mais comme attraction, dans le rôle de l’homme sans tête.

 

 

Oncle Bob.

 

 

Rappel : toutes les chroniques « En direct de Bagdad » sont accessibles sur le site

 

http://perso.club-internet.fr/hamster/index.html

 

 

 



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